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Résumé :
C'est la 4 ème histoire que j'écris et la plus aboutie à ce jour...

JOYEUX NOEL A TOUS ! Je commence cette histoire le 24 décembre 2002 (pas mal non !) et elle n'est toujours pas terminée en juin 2006… cherchez l'erreur ! Enfin peut-être que pour mes 34 ans, j'aurais le courage de la terminer.
En résumé, c'est une histoire de Porte, de lumière, d'amour et de fraternité... alléchant non?

Disclaimers :
Les personnages appartiennent à Bellisario / Paramount / MGM / Gecko Productions, NBC, CBS (et j'en oublie certainement). Cette histoire est une pure fiction, toute ressemblance avec des personnes existantes serait purement fortuite. Ne me poursuivez pas, je ne fais aucun argent dessus.

Séries / spoilers :
A l'heure où je reprends cette histoire, Stargate en est à la saison 10, et JAG s'est terminé sur la 10 ème saison justement !

Mon histoire se situe toutefois après la saison 5 de Stargate (où Daniel Jackson et Jack O'Neill sont toujours là, le commandant Mitchell n'est pas arrivé) et après la saison 7 de JAG, quand Harm (sain et sauf) et Mac sont libres de tout engagement (envers René et Mic Brumby).

Warning : Crossover / Peu de violence / Histoire de Noël, plus quelques petits suppléments surprises…

J'ai trouvé beaucoup d'histoires intéressantes sur internet. Merci à tous les auteurs qui me permettent de m'évader un peu de mon univers. Cette histoire est peut-être partiellement inspirée d'histoires que j'ai lues sur le site d'Amélie-Lisez vos séries : ne me jetez pas la pierre, si vous reconnaissez certaines choses, cela devrait être minime a priori, mais mieux vaut prévenir que guérir.

Auteur : Sabine ( juin 2002 à 2006)

Tous les commentaires de soutien, même critiques (sympas!), sont les bienvenus. Cliquez ci-dessous :

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Partie 1 :

Il était une fois (je rêvais de l'utiliser au moins une fois) une petite fille appelée Emilie. Tout, non pas tout... mais le plus triste !- se passe dans une maison toute en bois et très isolée dans la montagne : bien que ce soit la veille des fêtes de Noël, vous auriez pu entendre une mouche voler, mais pas de rires d'enfants, ni le bruit de pas caractéristique de la course aux cadeaux sous le sapin... non... juste le murmure des personnes réunis pour ce triste évènement.

J'ai 6 ans. Nous sommes le 24 décembre 2002, je suis toute seule dans ma chambre et je suis sûre d'une chose : tout le monde pense que je ne comprends rien aux affaires des grandes personnes, mais ils ont tort et je le leur prouverais...

En bas, ils se demandent en chuchotant ce qu'ils vont bien pouvoir faire de moi. Tout le monde dit que c'est pitié, vraiment, de voir dans les yeux bleus de cette jolie môme toute la tristesse du monde...

C'est Noël et cette année mon cadeau restera rangé dans le placard où je l'ai soigneusement déposé. J'ai été sage pourtant, j'ai été la petite fille la plus sage que l'on puisse imaginer et pourtant Père Noël, tout ce que tu as su m'apporter, ce sont de bien tristes choses… la mort de mes parents, des gens qui sont venus m'expliquer que c'était un problème de voiture, je n'ai pas tout compris, mais bon c'est normal, je suis une petite fille...

Des avocats aussi sont venus et m'ont dit que je n'avais pas de souci à me faire et qu'ils s'occupaient de tout ! Tu parles ! Ils se sont contentés d'appeler l'assistante « machin chose » et de lui dire de venir me chercher après la cérémonie, à laquelle bien sûr, ils m'ont assuré qu'ils allaient venir ! Qu'est-ce que ça peut faire qu'ils viennent ou pas ? Moi, je sais ce qu'ils veulent, c'est les sous de Papa ! Qu'ils soient morts leur importe peu !

« Alors Père Noël !? Tu peux me dire où tu étais quand mes parents ont eu cet accident, hein ? Dis-moi ! J'ai été sage, mes parents aussi ! C'étaient les plus gentils papa et maman dont on puisse rêver. Alors ? Tu ne dis plus rien ? »

Tout à coup, un tourbillon de vent souleva les rideaux de la chambre et je vis une dame brune en tenue verte foncée et un monsieur d'une blancheur éblouissante m'entourant en souriant gentiment. Ils étaient si beaux tous les deux…

La dame me disait tout bas que tout irait bien et qu'il ne fallait pas que je m'inquiète : Washington était une ville où on s'occupait bien des enfants. Le monsieur, lui, me regardait d'un air triste et disait : « tu vas faire un long voyage, mais nous serons là pour t'accompagner. Tu ne risques rien. » Alors que le tourbillon cessait, il se pencha vers moi pour déposer un gentil bisou sur ma joue, ses ailes dorées scintillant sur sa poitrine…

« Oh Père Noël, je te demande pardon, je n'aurais pas dû parler comme ça, je vais ouvrir mes cadeaux maintenant ! Je te fêterais toute ma vie, je te le promets… »

Les paquets, que j'avais pris dans le placard de la chambre de papa et maman, contenaient une boite à musique et un petit livre vierge à couverture de cuir. Sur la première page, mes parents avaient écrit d'une belle écriture ronde de ne pas oublier combien ils m'aimaient et tout ce qu'ils espéraient pour moi à Noël. Mes larmes, retenues jusque-là, se mirent à couler librement, et reniflant doucement, je déposai mes cadeaux dans ma valise tout en leur promettant que non, je n'oublierai pas…

J'allais voir en bas l'assistante « Machin chouette » pour lui dire que j'étais prête à aller à l'endroit où les grands avaient décidé d'envoyer mes parents dormir. Les personnes présentes me dévisageaient tristement en voyant les larmes glisser doucement sur mes joues. Au fond de moi pourtant, j'étais persuadée que tout irait bien. Ils ne pouvaient pas comprendre…

Pendant qu'on s'occupait de mes parents, les avocats n'avaient rien trouvé de mieux en guise de réconfort que de m'encadrer, chacun d'un côté. Avec leurs manteaux noirs, on aurait dit des corbeaux à l'affût, prêts à fondre sur leur proie comme si leur vie en dépendait. Leur tentative pour me prendre par la main ayant échoué, ils consentirent à me ficher la paix et ne bougèrent plus.

Dans l'air immobile, un monsieur en robe noire très longue se mit à parler, mais je ne l'écoutais pas. Je vis encore une sorte d'éclair blanc... une suite d'images irréelles : un monsieur, au visage noir à l'exception d'un dessin ovale doré sur le front, me faisait signe de le suivre vers une sorte de cercle d'eau… bizarre… Il était suivi de prés par la dame et le monsieur du tourbillon, toujours souriant. Puis brusquement, un autre homme aux cheveux grisonnants me souleva de terre et s'avança vers l'eau. « Non ! Je vais me noyer ! » Un autre éclair et c'était tout…

Le souffle coupé, Emilie se rendit compte qu'elle avait véritablement crié. Le prêtre s'arrêta de dire les paroles rituelles, avec un air embarrassé. Pour se calmer, elle pensa aux soirs où, ses parents regardant un film à la télé, elle allait parfois se cacher derrière une porte, juste pour les écouter rire ou les voir heureux.

Son cri n'eut pour seul effet que de lui attirer encore plus de regards compatissants, s'il était possible. A la fin de la cérémonie, l'assistante lui prit la main et l'emmena sans plus attendre à Washington pour être placée dans un centre d'accueil.

 

Partie 2 :

Pendant ce temps, à Falls Chuch, en Virginie, tout le monde se préparait à fêter joyeusement Noël. Au JAG, la tradition était de terminer plus tôt le travail la veille de Noël. Malgré les protestations énergiques du maître des lieux, l'Amiral A.J. Cheggwiden, qui en privé se réjouissait comme tout le monde des fêtes à venir et surtout de l'opportunité de voir sa fille Francesca, qui avait quitté l'Italie la veille.

Bud et Harriet Roberts avaient retrouvés leurs costumes de Père et Mère Noël et avaient mis un point d'honneur à tout organiser de la meilleure des façons. Mac libérée de son mariage avec Mic Brumby avait, en dépit de tout, sorti sa plus belle robe pour l'occasion, bleue foncée avec des paillettes sur le haut du corsage. C'était certainement la plus belle de la soirée. Au moins une personne en était convaincue en tout cas…

Le Commandeur Harmon Rabb Jr ne se lassait jamais de la regarder. Le règlement ne le permettait pas mais bon ! Au diable le règlement !… Lui-même se sentait allégé d'un poids non négligeable depuis que René - Miss Publicité -, comme tout le monde la surnommait derrière son dos, l'avait laissé tomber pour se marier à un croque-mort. Ainsi va la vie, si on peut dire…

Au milieu de la grande salle du JAG tronait un superbe sapin véritable avec boules lumineuses et fils de neige qui semblait tout droit sorti d'un conte de fée. Des guirlandes multicolores sur tous les bureaux et les murs, des branches de houx à l'entrée de la salle venaient compléter le tableau.

Les officiers, tous vêtus de leur tenue blanche d'apparat, avaient conscience plus que jamais que le JAG était devenu une seconde famille pour chacun d'eux et ils se réjouissaient d'être tous réunis en cette occasion. « Votre attention, s'il vous plait ! », fut la première tentative de l'Amiral pour tenter de surpasser le brouhaha ambiant…

Tiner qui, comme de bien entendu, se tenait au service de l'Amiral, cria d'une voix forte « Amiral sur le pont ! Silence, s'il vous plait ! ».

Les personnes présentes se regroupèrent vivement autour de l'Amiral, Harm prenant soin de se placer aux côtés de Mac avec, Bud, Harriet et Petit AJ jamais très loin. Les enfants étaient autorisés pour cette seule occasion à participer à la fête, Petit AJ notament, qui était devenu un peu la mascotte du bureau.

« Mesdames et messieurs, vous le savez, en cette période de fêtes, il est bon de se réjouir de ce que nous avons et de constater le chemin qui a été parcouru pendant l'année écoulée (il jette un regard un peu plus appuyé sur Harm et Mac).
Ce fut une année lourde en évènements d'importance, crises diverses, guerres avortées, et sur un plan plus personnel simplement malheureux (il sourit gentiment à Bud et Harriet, la perte de leur deuxième enfant n'était plus source de colère pour leurs parents… juste un peu de tristesse et de vague à l'âme au moment de Noël).
Toutefois, cela ne doit pas nous faire oublier les tâches qu'il nous reste à accomplir : le bon traitement des archives par exemple, n'est-ce-pas Tiner ? (L'assistance sourit de la rougeur qui monta au visage de l'intéressé) Ou bien certains règlements qu'il faudrait peut-être réviser pour éviter de se retrouver en mauvaise posture… Commandeur Rabb, vous êtes d'accord avec moi, j'espère ! »

Cette fois-ci, les rires fusèrent, nourris par l'air de fausse modestie et le bref mouvement de tête de l'impétrant. Devant tant de succés, Harm se pencha lègèrement en avant pour saluer l'assistance. « Merci ! Merci ! Non, vraiment ! Ce n'est rien… Je vous assure ! »

Les rires se calmèrent et l'Amiral reprit son discours « Tout cela pour vous dire qu'il faut nous réjouir de l'espoir qu'il nous est donné de vivre un jour de plus en paix, et souhaiter à notre pire ennemi qu'il en soit de même pour lui. Je vous souhaite donc de passer de bonnes et heureuses fêtes de fin d'année ! »

Sous les applaudissements de l'assistance, l'Amiral se dirigea vers un buffet servi pour l'occasion « Et maintenant un toast ! »

Mac s'éclipsa pendant le toast de l'Amiral vers son bureau. Harm, à qui rien n'échappait, la suivit et bloqua la porte avant qu'elle ne soit fermée.

« Puis-je ?

- Oui. Fermez la porte, s'il vous plait.

- Que se passe-t-il ?

- J'ai eu une vision quand l'amiral a parlé de crises évitées de justesse… C'était terrible et bizarre à la fois : une petite fille en pleurs dans une chambre et qui serrait contre elle une boite à musique et un petit livre doré, tu étais là toi aussi Harm, en tenue d'apparat comme ce soir… puis juste après, j'ai vu quatre personnes, une femme et trois hommes, dont l'un avait un chapeau lui couvrant entièrement le sommet du crâne, un noir. Ils ne semblaient pas vouloir l'enlever… »

C'était devenu une telle habitude pour eux de se tutoyer en privé qu'Harm ne relevât pas le changement. « Comment ça ?

- Eh bien, tu ne trouves pas curieux qu'il n'enlève pas son chapeau alors qu'il est dans une maison et qu'il a déposé sa veste… Et puis il y a surtout l'eau, une eau brillante et profonde… étrange… Tu étais là toi aussi et ça m'a rassurée, mais je suis encore un peu sous le choc…

- Assieds-toi, je vais te chercher une boisson, ça ira mieux après.

- Merci. »

Pendant qu'elle se désaltère, Harm se positionne derrière sa chaise et se met à lui masser les épaules. Cette action à la fois douce et ferme a pour effet de calmer Mac immédiatement « C'est si bon… ça me manque terriblement…

- Pardon ?

- Non rien, continue…

- Au fait, as-tu prévu quelque chose pour le Nouvel An ? », lui demande Harm avec un rien d'innocence dans la voix.

Harm savait que depuis sa rupture avec Mic, il y a deux mois maintenant, Mac ne voyait personne. Elle hésitait avant de répondre, il l'avait prise au dépourvu, la légère contraction des muscles de ses épaules l'avait trahie.

« Non, rien encore, finit-elle par avouer.

- Que dirais-tu de le passer avec moi, dans la ferme de ma grand-mère, avec toute ma famille ? »

A la fois espérant et redoutant cette question, Mac se lève lentement, mettant fin au contact de ses mains sur ses épaules, pour reprendre contenance avant de lui faire face.

« Pourquoi pas. Ce serait bien de pouvoir m'amuser pour une fois, ça fait longtemps que ça ne m'est pas arrivé. »

Elle était tellement belle, ses yeux reflétant un mélange de tristesse et d'espoir… Harm finit par céder à la tentation, franchit l'espace entre eux deux, la prit par la main et lui déposa un baiser sur la joue. Il était si près… « Il n'y a pas de gui… quel dommage…

- J'en suis la première désolée…

Il ouvre la porte qui se trouve derrière Mac… Si seulement… Avant d'avoir pu formuler mentalement son vœu, Mac l'interrompt « Cette petite fille a besoin de nous ! Washington ! Elle est ici !

- Une autre vision…

- Oui. La petite a besoin de nous deux, sinon elle ne s'en sortira pas vivante. Je l'ai clairement vue arriver à Kennedy Airport ce soir… l'avion en provenance de Los Angeles…

- Viens, allons voir l'Amiral. Il comprendra. »

Quelques secondes plus tard…

« Comment allez-vous faire ? Vous ne connaissez pas son nom, vous ne savez rien de ce qui lui est arrivé, vous n'avez pas le droit de prendre cette enfant, même pour la protéger !

- Nous le savons bien, Amiral, intervint Harm, mais Mac dit que c'est urgent. Elle sera capable de la reconnaître et pour le reste, nous aviserons en temps voulu, quand nous en saurons un peu plus… Qu'en dites-vous ?

- Bon d'accord… allez-y ! Mais tenez-moi au courant, je garde mon portable sur moi en cas d'urgence.

- Oui, Amiral, à vos ordres.

- Rompez ! »

 

Partie 3 :

Aéroport Kennedy, 19h55…

Sur le tableau des arrivées, Harm et Mac avaient repérés l'avion 755 en provenance de Los Angeles et se dirigeaient vers la porte n° 9. Mac n'était pas vraiment rassurée, Harm prit sa main dans la sienne pour l'encourager à être patiente et la calmer. Le tableau était assez étrange, ce beau couple habillé pour faire visiblement la fête, qui regardait avec anxiété les personnes sortir de l'avion et se diriger lentement vers la porte. Soudain une petite fille blonde, vêtue d'un manteau bleu, apparut à côté d'une dame, habillée strictement.

« C'est elle…

- Tu en es sûre ?

- Oui. »

Ils se dirigèrent vers la dame et la petite fille qui eut un sursaut en voyant Harm et Mac…

« C'est vous ? C'est bien vous ? Je suis en train de faire un rêve encore, n'est-ce-pas ?

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? On ne s'adresse aux gens comme ça, voyons ! Ce n'est pas très poli…, lui dit la dame avec un sourire un peu forcé à l'adresse d'Harm et Mac.

- Cela ne fait rien, je vous assure, dit Mac en s'agenouillant devant la petite fille. Est-ce que ça va ?

- Oui. Mais… je sais ce que je dis… Vous ne portiez pas cette robe, mais je vous ai déjà vu tous les deux.

- Ah bon ?

- Dans le rêve que j'ai fait avant d'aller au cimetière, vous portiez une tenue verte foncée, par contre, vous, vous portiez ça… c'était tout blanc, lumineux et votre médaille, on aurait dit les ailes d'un ange…, dit-elle en se tournant vers Harm.

- Arrêtes donc de raconter des sottises, madame… monsieur… veuillez nous excuser, nous devons partir maintenant.

- Non ! Vous n'irez nulle part tant que vous ne m'aurez pas raconté toute l'histoire, répondit Mac sur un ton qui ne laissait pas place au choix de la réponse…

- Je vous demande pardon ? De quel droit ?… »

Elle avait haussé le ton, attirant les regards pleins de curiosité des personnes alentours.

« Nous sommes des avocats de la marine des Etats-Unis, du JAG, nous avons donc tous les droits pour intervenir quand nous croyons une personne en danger, ajouta Harm en sortant sa carte d'identification. Par ici, nous allons récupérer vos bagages et aller gentiment nous asseoir dans un coin tranquille pour discuter un peu… Vous ne risquez rien, ajouta-t-il en souriant à la petite fille.

- Il n'y a que la petite qui a des bagages. Je vis ici, je travaille au service de l'aide sociale à l'enfance. Je l'accompagne pour qu'elle soit placée dans un foyer à Washington » dit la dame en se calmant un peu à la vue du badge d'Harm.

« Vous venez de bien loin, il n'y a donc pas de foyer d'accueil à Los Angeles ?

- Cette enfant vient de perdre ses parents dans un accident de voiture, elle s'appelle Emilie Warren.

- Qu'a-t-elle donc de si spécial pour que vous la fassiez venir ici ?

- Rien, si ce n'est que ses parents étaient très riches et que les avocats gérant la succession, ont voulu la placer sous la tutelle du meilleur centre privé de Washington, selon la volonté de ses parents.

- Je dois lui parler seule à seule, c'est très important. Me le permettez-vous ? »

D'un signe de tête, l'assistante approuva et Mac prit la petite fille par la main pour l'emmener à l'écart.

« Je sais que tu ne m'as pas tout dit, alors voilà ce que je vais faire, je vais te donner mon N° de téléphone et celui de mon ami - Harm - et, dès que tu as besoin de nous, tu nous appelles.

- Pourquoi faites-vous ça ?

- Parce que, tout comme toi, j'ai fait un rêve, mais à la place, je t'ai vue toi, mon ami là-bas (elle désigna Harm d'un geste de la main) et aussi quatre autres personnes que je ne connais pas. Le plus remarquable, c'était ce noir avec un chapeau sur la tête et cet autre homme aux cheveux grisonnants, et puis de l'eau, beaucoup d'eau brillante… »

La petite, l'air effaré, plongeait son regard dans ceux de Mac avec insistance… Pouvait-elle lui faire confiance ? Décidant que oui, un rêve de Noël ne pouvant jamais être un mauvais présage, elle ajouta avec une petite voix « Je les ai vus aussi les deux « monsieurs », mais il n'y avait personne d'autre. »

Sans trop savoir pourquoi, Mac ressentit instinctivement son intelligence.

« Bon, nous en reparlerons plus tard, tu comprends qu'il ne faut plus parler de ça à personne, n'est-ce-pas ? Quand j'aurais obtenu l'autorisation de venir te voir, ce sera plus facile. Es-tu prête à y aller maintenant ? »

La gamine approuva de la tête en signe de compréhension, et elles rejoignirent Harm et l'assistante.

A cette dernière, elle enjoignit de garder la plus grande discrétion sur ce qu'il venait de se passer et que, si cela posait un problème, elle pouvait contacter les services du NCIS, qui lui confirmeraient leurs identités. Après avoir dument noté l'adresse du centre privé dans lequel Emilie allait être placée, ils la remercièrent et retournèrent au JAG faire leur rapport à l'Amiral. Comme dans son rêve, Emilie avait vu le monsieur en blanc, qui s'appelait Harm, se pencher vers elle et lui donner un bisou sur la joue en guise d'au revoir.

 

Partie 4 :

Quelque part dans un centre tout à fait secret de Cheyenne Moutain, le jour de Noël était malheureusement un jour comme les autres pour l'équipe SG1 : porte des étoiles, mission de reconnaissance, retour par la porte et cela bien sûr, s'il n'y avait aucun accroc.

Apparement, les méchants avaient décidé de faire la trêve, ce qui n'était pas pour déplaire au Colonel O'Neill. Il avait prévu le lendemain une petite escapade nocturne non autorisée avec Sam Carter, son second, pour fêter l'évènement comme il se devait : restaurant, dîner aux chandelles et tout le tremblement… Rien ne pourrait l'arrêter cette fois… Washington, à nous deux.

Au dernier moment, il avait bien cru que le général le prendrait la main dans le sac : il était dix-neuf heures, il venait de lui donner quartier libre pour la soirée, mais il devait rester dans la base en cas de besoin. Par sécurité, il avait attendu une demi-heure avant de se changer pour se mettre en smoking. Carter ne craignait rien puisqu'elle n'était pas de réserve. Elle était rentrée chez elle depuis le début de l'après-midi pour se préparer.

Tout était pour le mieux, sauf que le général à 19h20 avait décidé qu'il lui fallait voir Jack absolument pour lui parler d'un problème d'une importance capitale… Le soir de noël ! Ses rapports nécessitaient plus de soins ! Non décidément, je ne voyais pas ce qu'ils avaient de mal mes rapports… Enfin ! Cinq minutes de sermons plus tard, Jack avait pu se changer et filer à l'anglaise vers son rendez-vous…

En parfait gentleman, il était passé chercher Sam à son domicile, allant jusqu'à lui donner le bras pour l'escorter jusqu'à la voiture, ouvrir et refermer la porte sur elle et, fin du fin, la précéder dans le meilleur restaurant de Washington pour demander la table qu'il avait réservée depuis deux très long mois…

Il faut dire que Sam avait fait les choses en grands : une longue et fine robe bleutée au décolleté avantageux et un simple collier en or fin avec boucles d'oreilles assorties avaient coupé le souffle de Jack pendant une bonne minute… aussi sûrement que l'aurait fait un coup de zak-nik-ta, arme la plus redoutable des Goa'old.

Confortablement installé dans les fauteuils de cuir du salon d'attente du restaurant, devant un apéritif maison, ils discutaient tranquillement de ce que chacun avait prévu pour les fêtes de Nouvel An : Sam devait voir son père, qui bénéficiait apparement lui aussi de la trêve ; ils devaient se rendre dans le Texas, au ranch familial, pour y revoir tous leurs anciens amis. Après la mort de Jolinar et tous les évènements dont les Tokra étaient partiellement responsables, Sam n'avaient jamais eu autant le souhait de prendre du repos que maintenant. Rien ne pourrait l'empêcher de passer un nouvel an extraordinaire ! Et cette fois-ci, elle n'emmenerai aucune expérience de dernière minute à réaliser, sous peine de devoir expliquer à son père pourquoi elle passait tout son temps dans le petit laboratoire personnel qu'il lui avait aménagé dans le garage quand elle était plus jeune.

Jack avait ri de bon cœur, imaginant très bien la tête du général Carter, et cela d'autant plus, qu'il s'était permis de lui glisser à l'oreille cette même recommandation à l'usage de sa fille. En échange, une invitation lui avait été faite de venir au Texas avec eux et, ce, dans le plus grand secret vis-à-vis de Sam.

Elle allait passer seul à seule avec Jack le réveillon de Noël, son père ayant décliné l'invitation. La surprise commençait le soir même, tout de suite après le repas. Son père l'avait engagée à préparer son sac le jour même, et s'il était inutile d'en préciser le motif, elle ignorait que Jack était celui qui devait l'emmener.

Il avait bien évidemment nié avoir des projets pour le nouvel an, mis à part la désormais traditionnelle partie de pêche dans le Colorado qui, si tout allait bien, allait se solder par un coup de soleil magistral sur la figure et un malheureux poisson, relaché aussitôt par pure pitié.

Tout se passait bien. Jack n'avait jamais vu Sam aussi détendue, le champagne y était sans doute pour beaucoup, mais son sourire était net et franc et cela, en soi, prouvait qu'elle s'amusait vraiment en sa compagnie. Le repas était somptueux, Jacob y avait veillé personnellement, allant même jusqu'à payer la note, malgré ses protestations énergiques.

Arrive le moment du dessert… le serveur, mis dans la confidence, apporte la bûche de noël posée sur un plateau entourée de bougies scintillantes, à côté d'un plat recouvert d'une cloche opaque. Jack fait un signe de la main et le serveur enlève la cloche.

Sam écarquille les yeux, intriguée par le décorum, qui a été visiblement mis en place pour elle. Sur le plateau se trouve un simple carton blanc. A l'invitation de Jack, elle le prend, reconnaissant l'écriture de son père.

« Major Samantha Carter, vous êtes réquisitionnée pour une opération tout à fait spéciale au Texas, en ma compagnie. Toutefois, comme il est hors de question de vous y présenter sans escorte, j'ai nommé le colonel Jack O'Neill, ici présent, pour vous accompagner à la grande soirée qui aura lieu la nuit du réveillon. Avec mes sentiments affectueux, Général Jacob Carter.»

Entre le moment où Sam avait vu le serveur arriver et celui où elle avait lu le carton d'invitation, son visage était passé du rose léger au rouge vif sous l'effet conjugué du champagne et de la surprise. Pas besoin d'explications, les intentions de son père étaient claires. Celles de Jack aussi d'ailleurs… Elle s'était étonnée, mais pas plus que ça, que Jack n'ait rien bu de la soirée, mais désormais tout était clair : Jack devait la conduire au Texas et jouer les chevaliers servants. Les vacances promettaient d'être bien plus intéressantes que prévu…

Le trajet en voiture se passa sans problème, les discussions dérivant de la pêche dans le Minnessota à leurs enfances respectives, évitant toutefois de parler de ce qui les préoccupait réellement tous les deux… la petite fête prévue pour le Nouvel An…

Le ranch familial se trouvait prés d'Austin. Chaque fois que Sam y retournait, elle ne manquait jamais de seller son cheval favori Sand pour sa balade rituelle dans la propriété au soleil couchant. Cette fois-ci pourtant serait différente : le colonel… non ! – Jack- avait décidé de l'accompagner. Elle n'avait pas osé le lui proposer, mais son père Jacob était venu à son aide en riant sous cape, menant par sa longe un autre cheval répondant au nom de Tornade.

Jack était aussi au courant de son passe-temps favori et n'attendait rien de mieux que de lui prouver qu'il était un cavalier émérite. Il l'avait vue hésiter après avoir posé les bagages dans les chambres et pris un court repos bien mérité. Il était visible qu'elle débattait en son for intérieur pour savoir si elle allait l'inviter ou non à cette balade au clair de lune…

Le plus drôle serait toujours pour Jacob : plus tard, il dirait volontiers à tout le monde que cela s'était joué à ce moment-là, Jack très, très nerveux et Sam se posant mille et une questions inutiles, comme d'habitude…

Le réveillon de noël avait été le prélude à la demande et comme de bien entendu la surprise ne serait pas où ils l'attendaient…

 

Partie 5 :

Pendant ce temps dans le centre d'accueil de Washington où Emilie avait été placée, la petite fille trompait son ennui en jouant avec les autres enfants présents. C'était vrai que la maison était jolie, l'assistante n'avait pas menti. Pour Noël, des efforts particuliers avaient été faits. La devanture avait été décorée de toutes sortes de guirlandes lumineuses aux couleurs vives, la porte supportant une couronne traditionnelle d'accueil et le sapin immense bien en place dans le salon. Les autres enfants l'avaient d'abord accueillie assez froidement puis, petit à petit, elle s'était rendue compte que certains d'entre eux étaient là parce que leurs parents n'étaient pas disponibles pour s'occuper d'eux, alors elle avait laissé son cœur s'ouvrir et ils avaient appris son histoire.

Sa vie, en quelques jours seulement, s'était considérablement améliorée, mais jamais, au grand jamais, elle n'avait parlé des rêves qu'elle continuait de faire toutes les nuits. Maintenant, elle voyait deux personnes en plus du monsieur noir et de celui aux cheveux gris : une femme aux cheveux châtains manipulant des objets tous plus bizarres les uns que les autres, et un autre homme aux cheveux noirs, dont les yeux tristes ne cessaient de passer d'un tas de livres aux caractères étranges à un cahier rempli de notes, faites d'une écriture serrée et précise.

La dame qu'elle avait vue en rêve, puis en vrai, à l'aéroport, lui avait dit s'appeler Sarah. Elle n'en avait pas parlé aux autres enfants de peur qu'ils ne se moquent d'elle. Comment auraient-ils pu croire qu'elle avait rêvé quelque chose qui s'était réellement produit ? Même elle, par moment doutait… Mais tout s'évanouissait quand elle voyait Sarah entrer dans sa chambre. Elle était toujours souriante et lui amenait à chaque fois quelque chose : un livre, un gâteau ou un jeu, peu importait tant qu'elle pouvait les partager avec les autres enfants du centre.

Elle venait tous les jours pendant au moins une heure. Mais aujourd'hui était un jour spécial. Le 31 décembre 2002, Sarah avait obtenu l'autorisation de l'emmener à son travail voir ses amis et passer la soirée du nouvel an au domicile d'Harm. Celui qu'elle avait vu en tenue aussi blanche que les nuages, devait les y attendre. Elle se faisait déjà une joie de sortir un peu du centre, elle avait hâte d'y être.

Les enfants, assis dans le salon principal, dévisageaient Sarah avec curiosité, mais Emilie n'en avait rien à faire. Elle avait mis sa plus jolie robe et un nœud maintenait ses cheveux en place. Noël ne serait jamais pareil sans ses parents, la tristesse dans son cœur ne la quittait que rarement, mais elle faisait contre mauvaise fortune bon coeur.

 

Arrivée au JAG, elle avait été étonnée de voir les proportions des bâtiments, qui ressemblaient plus à une maison qu'à un lieu rempli de rigueur toute militaire. Des décorations de noël se devinaient par les fenêtres brillament éclairées du bâtiment et contrastaient avec les tenues des personnes, tantôt vert foncé, tantôt bleu marine. Elle avait rencontré le chef de Sarah, un monsieur presque chauve, à la voix empreinte de gravité, qui lui avait souhaité la bienvenue, comme si elle était une personne importante. Un autre homme au nom amusant, Bud, et sa femme, Harriet : leurs sourires suffiraient à faire croire à n'importe qui que c'était encore Noël, mais elle avait vite deviné derrière les sourires, la tristesse de leurs pensées : ils devaient savoir que ses parents étaient avec les anges…

Elles s'étaient ensuite rendues dans le bureau de Mac pour discuter un peu des rêves faits ces derniers jours. Tout concordait, cela devenait vraiment étrange. En accord avec son chef, Sarah avait décidé de ne plus en parler de toute la soirée. Ils feraient simplement la fête.

Prévenue que toutes ces personnes se joindraient à la fête chez Harm, y compris ses parents et son demi-frère, Sergueï, Emilie n'avait pas mis longtemps à se faire adopter par tout le monde.

Voyant l'étonnement de la petite fille lorsqu'elle avait mentionné Sergueï, Sarah lui raconta brièvement l'histoire d'Harm : comment son père, pilote de l'armée de l'air, avait été déclaré perdu en mission, abattu par un avion russe, capturé et enfermé dans un camp, pour finir par être tué après qu'il se soit échappé du camp où il était retenu. Harm n'avait alors que six ans, tout comme elle.

Devenu adulte, Harm s'était engagé à sa suite pour devenir pilote. Il avait été déclaré inapte suite aux lésions occulaires qui l'empêchaient de voir correctement la nuit, après un atterrissage manqué sur un porte-avion et la mort de son co-pilote. Sa reconversion comme avocat au JAG l'avait naturellement amené à retrouver la trace de son père en Russie et l'existence d'un demi-frère, Sergueï, né de mère russe.

Emilie était tellement émue qu'à peine arrivée, elle avait entouré Harm de ses bras et lui avait murmuré à l'oreille combien elle était désolée pour son père, jusqu'à ce qu'elle se rende compte que tout le monde la regardait, avec ce regard mêlé de tristesse et de gentillesse, qu'elle connaissait si bien maintenant. Harm l'avait rassurée en lui disant doucement que tout irait bien.

Ils avaient même prévu pour elle un cadeau. Entouré de papier parsemé d'étoiles, elle avait hésité à l'ouvrir. Avec les encouragements de Mac, elle défit le nœud : à l'intérieur se trouvait une boîte longiligne, une parure de stylos rouge et or, un plume et un bille, avec quelques cartouches en réserve.

« Nous nous sommes laissés dire que tu avais un livre spécial pour écrire, alors nous avons pensé que ceci pourrait t'être utile. C'est de notre part à tous, lui avait glissé Mac à l'oreille quand Emilie était venue l'embrasser les larmes aux yeux.

- C'est très beau, merci. »

Assise entre Mac et Sergueï, elle avait eu tout le loisir de lui demander comment était son pays et ce qu'il pensait de l'Amérique. Tout le monde avait ri quand Sergueï s'était levé de table et avait fait une révérence à l'intention d'Emilie. La seule différence qu'il avait vue entre la Russie et l'Amérique était la plus grande beauté des femmes russes, mais finalement, ce n'était peut-être plus si vrai depuis qu'il avait rencontré Emilie… Elle avait rougie un peu mais s'était jointe au rire général quand l'amiral Chegwidden s'était lui aussi levé pour porter un toast à la russe : « Nasdrovia ! », avait bu jusqu'au bout le contenu de son verre et fait mine de le jeter par dessus son épaule, sous le regard mi-implorant, mi-rieur d'Harm.

C'était un beau réveillon de Nouvel An… Elle aurait beaucoup de choses à raconter à son journal demain.

Ses rêves l'avaient laissée en paix pratiquement toute la soirée, à l'exception du moment où minuit avait sonné : elle avait ressenti un sentiment spécial dans son cœur et avait vu cette fois-ci l'homme aux cheveux légèrement grisonnants et la dame blonde souriant et heureux. Le mot mariage lui était venu à l'esprit, et avec, la vision de personnes en tenue militaire au garde à vous, c'était amusant pour une fois.

Elle avait aussi noté les insignes différents sur leurs épaules… Sarah les lui avait fait dessiner, mais n'avait pas réussi à les reconnaître. L'amiral avait promis de faire son possible pour déterminer à quelle armée ils se rattachaient.

Emilie se doutait que son avenir était lié à ces personnes, mais elle ne comprenait toujours pas pourquoi elle avait toutes ses visions. Sarah lui avait expliqué qu'elle-même n'y pouvait rien : il fallait juste les laisser venir, sans lutter contre elles ; à la longue, elle se rendrait compte que tout était possible… Elle avait bien sauvé Harm, une fois, grâce à son don…

 

Partie 6 :

Austin, tard dans la soirée.

Sam n'y avait vu que du feu. Après que Jack lui ait fait sa demande, son père était venu lui demander de l'accompagner dans l'ancienne chambre de ses parents. Meublée simplement, le plus remarquable dans cette pièce était la petite table qui servait de coiffeuse à sa mère : on y trouvait encore le miroir ouvragé qu'elle utilisait pour se coiffer ainsi que quelques bouteilles de parfum aux senteurs fleuries, douces ou amères que sa mère portait comme on porte un vêtement. Elle disait souvent à Sam que son parfum reflettait son humeur du jour : gai s'il faisait beau, capiteux si son mari était tout proche, chaque goutte avait une histoire à raconter…

En entrant dans la pièce, Sam était restée bouche bée : sur le lit se trouvait la robe de mariée de sa mère, toute blanche à l'exception du corsage décoré de petites fleurs aux couleurs vives.

« Comment savais-tu ?

- Que tu allais te marier ?

- Non, pour la robe…

- Je ne savais pas ! Jack est venu me demander ta main la dernière fois que nous nous sommes vus, il y a un mois à peu prés. Comme je n'ai pas trouvé de bons prétextes pour refuser, j'ai pensé que le mieux était de tout préparer pour que vous puissiez vous marier le jour de l'an.

- Papa… (Les larmes aux yeux, Sam s'était jetée dans les bras de son père.) Merci, papa.

- J'ai pensé que tu aimerais porter ceci avec la robe… »

Jacob lui mit autour du cou la parure préférée de sa mère, un collier d'or fin coupé en son milieu par un saphir d'un bleu profond, auquel venait s'ajouter les boucles d'oreilles assorties que Sam avait déjà reçues, au décès de sa mère.

« - Oh !… Papa !

- Elle serait tellement fière de te voir aujourd'hui…

- Merci encore, papa. »

Sam avait presque les larmes aux yeux.

« Selmak approuve, il voudrait juste te dire que tu es très belle aujourd'hui et que ce sera une joie pour une fois d'être avec nous dans un moment de réjouissance, plutôt que de souffrance.

- Dis-lui merci pour moi, veux-tu ?

- C'est déjà fait, mais tu n'es pas encore au bout de tes surprises…

- Pardon ?

- Je disais que ce n'était pas fini pour les surprises… J'ai demandé à quelques personnes de venir nous rejoindre et il me semble que j'entends une voiture… Viens ! »

La prenant par la main, Jacob entraîna sa fille à sa suite hors de la maison, Jack suivant de peu…

« Que se passe-t-il ? Je pensais que pour les émotions, on avait notre compte pour un bon bout de temps…

- Jack ! Tais-toi et regardes ! », lui dit Sam en le prenant par le bras…

De la voiture, quatre personnes étaient en train de descendre : Teal'c, Daniel Jackson, le général Hammond et le docteur Fraiser.

« Oh ! Vous ! Vous !… », rugit Jack en saluant le général. « Vous étiez au courant depuis le début, n'est-ce pas ?

- Pourquoi croyez-vous que je sois venu vous embêter le jour de Noël, si vous aviez vu votre tête… Vous ne cessiez de jeter des coups d'œil à votre montre en souhaitant me faire déguerpir de vos quartiers à coups de pieds au derrière.

- Non, je proteste… C'est tout à fait faux ! C'est contre le règlement ! », mais Jack se mit à rire avec tout le monde, avant même d'avoir fini sa phrase.

« De toute façon, il fallait bien que je sois au courant, pour que je puisse faire en sorte de vous garder tous les deux au SG1 et régler les détails concernant votre congé spécial pour le voyage de noce. Cela faisait longtemps que je m'étais préparé à cette éventualité, en fait, pour être tout à fait exact, depuis que vous avez subi le détecteur de mensonge Tokra, avant je n'avais que des présomptions… »

Sam rougit légèrement en s'adressant à Jack…

« Vous savez de quoi il parle, vous ?

- C'est toi la spécialiste… pour ma part je ne peux pas nier avoir eu souvent des pensées différentes de ce qu'elles devaient être envers l'un de mes subordonnés. Et bien avant le détecteur de mensonge… »

Le visage de Sam se mit à rougir franchement ce qui déclencha une autre vague de fou-rires de toute l'équipée.

« Je ne vois décidément pas de quoi vous voulez parler… »

Jack se rapproche d'elle et lui glisse à l'oreille suffisament fort pour que tous entendent…

« En ce cas, il faut que je te montre, il paraît qu'avec les scientifiques, les grands dessins valent mieux que les grands discours ! Et si tu me vouvoies encore après ça… »

Dans le même mouvement, Jack la prend dans ses bras et l'embrasse… Daniel et Teal'c sifflent bruyamment…

« C'est pas mal de pouvoir le faire devant tout le monde, tu ne trouves pas ?

- Pourquoi vous êtes-vous arrêté ?

- Encore ??!!… le vouvoiement…

- Encore !!!! » Et il l'embrasse à nouveau avec toute la fougue requise…

Le mariage eut lieu comme prévu la nuit du réveillon. Ils étaient entourés de leurs plus proches amis et de leur famille. Les jeunes mariés s'esquivèrent à minuit dans la chambre qui leur était réservée et le reste ne regarda plus personne… Son père et Jack avaient préparés à l'avance un deuxième sac de voyage pour Sam, sans lui en parler…

« Où allons-nous ? », demanda Sam en le voyant.

« Ah ! Pas de questions !

- …

- NON ! Tu verras en temps utiles…

- Bon, d'accord, mais ça se paiera… »

Sam s'était placée face à Jack, les mains derrière le dos, cachant visiblement quelque chose…

« Quoi ?! Des menaces, maintenant !

- Moi ? Te menacer… absurde… on n'en est plus là… »

Elle leva alors le bras, dévoilant le coussin qu'elle tenait à la main, et dans le même élan, l'abattit avec force sur la tête de Jack…

« Ah, c'est comme ça maintenant…

- Oui ! »

Sam riait tellement qu'elle s'étranglait la voix et n'arrivait pas à parler… Jack la prit dans ses bras et pour la forcer à s'arrêter, la fit basculer sur le lit…

« Nous avons encore cinq heures avant que l'avion ne décolle, alors si tu n'y vois pas d'objection, je crois que j'ai une bonne idée de ce que nous pourrions faire… En attendant, est-ce que tu te rends ? »

Un oui étouffé lui parvint, de toute façon cela n'avait plus d'importance, ils étaient trop occupés…

 

Partie 7 :

Cheyenne Mountain, le 2 janvier 2003 :

Le lendemain des noces, tout le monde était retourné au SGC, sauf les jeunes mariés partis en voyage de noces pour quinze jours. L'équipe SG1 se trouvant temporairement en congés, Daniel était retourné à ses chères traductions, Teal'c s'était isolé dans ses quartiers au début de l'après-midi pour se mettre en état de Kelnorim, le père de Sam avait repris sa place auprès des Tokra.

Ils ne pouvaient pas se douter que leur répit serait de courte durée. En fin de journée, le général Hammond avait organisé une réunion extraordinaire dés qu'il avait appris la nouvelle, allant jusqu'à convier le président des Etats-Unis sur une ligne téléphonique spéciale ainsi que les grands pontes du SGC…

« Monsieur le Président, mesdames et messieurs, j'ai une terrible nouvelle à vous annoncer : deux de nos scientifiques les plus éminents, Amanda et John Warren, qui travaillaient sur les évolutions possibles de la Porte des étoiles, dans un de nos laboratoires scientifiques dans le Colorado, sont morts la veille de Noël… »

Daniel Jackson, qui était assis prés de Teal'c et du Dr Fraiser, intervint :

« Pourquoi sommes-nous mis au courant seulement aujourd'hui ?

- Pour des raisons de sécurité évidentes, les Warren travaillaient et vivaient en totale autarcie, avec leur fille, dans une base militaire en plein désert, reconvertie en laboratoire. Ils devaient construire une porte des étoiles portative pouvant fonctionner en parallèle à la nôtre… Nous n'avons appris la nouvelle de leur décès qu'en recevant le courrier envoyé par leurs avocats, le seul contact extèrieur que les parents ait exigé pour la sécurité de leur petite fille. Ils maintenaient le contact tous les jours par le biais d'un signal convenu à l'avance. »

Des exclamations parcoururent l'assemblée, le général Hammond leva la main, réclamant le silence… Le Président se fit alors entendre. « Messieurs, je crois que le problème est simple, il faut absolument s'assurer qu'aucune fuite n'a eu lieu et récupérer tous les travaux faits par les Warren… Mettez SG1 sur l'affaire. De mon côté, je vais demander à ce que soit organisée une cérémonie en leur honneur… Général, je vous demande de me tenir au courant heure par heure de l'avancée de vos recherches…

- A vos ordres, monsieur. »

On entendit le déclic du téléphone signalant que le Président avait mis fin à la communication. Le docteur Fraiser profita du silence momentané pour demander si quelqu'un savait ce qu'était devenue la petite fille…

« Et bien, pour ce que nous en savons, la petite Emilie se trouverait dans un institut privé pour orphelin de Washington, suivant la volonté de ses parents. Elle n'a que 6 ans. »

Le général Hammond avait apporté cette précision dans un murmure. En dépit des conflits politiques inhérents à ce type de projet, le silence dans la salle était éloquent. Ils pensaient tous la même chose : et si cela avait été leur famille ?…

« Est-elle au courant de ce que faisaient ses parents ? », demanda Daniel.

« Non, elle a été volontairement tenue à l'écart…

- Comment est-ce possible puisqu'ils vivaient en totale autarcie ?

- Elle était gardée dans une maison indépendante du laboratoire par un agent spécialement entraîné pour ce genre de mission… Il est donc impossible qu'elle soit au courant.

- C'est vous qui le dites. Il faudrait peut-être s'en assurer, non ? », intervint Daniel.

« Oui, vous avez probablement raison. Je vous donnerais l'adresse de l'institut, vous vous en chargerez dès demain avec le docteur Fraiser. Je dois aussi faire quelque chose dont je n'ai pas envie…

- Rappeler le colonel et le major O'Neill ? », suggéra Daniel.

Un "oui" étouffé lui parvint.

« Général, je n'aimerais pas être à votre place », ajouta-t-il sans sourire.

« La réunion est terminée, rompez. »

Le général Hammond regagna son bureau d'un pas lourd. C'était une de ces fois où il détestait vraiment son boulot. Il s'assit et prit une longue inspiration avant de décrocher son téléphone.

Quelque part à Hawaï, un téléphone portable se mit à sonner.

« Oh, non ! Sam, ne me dis pas que tu as pris ton portable ?!!

- Ordre d'Hammond, désolée chéri, il devait se douter que tu ne voudrais jamais prendre le tien, alors…

- Alors, c'est la fin des vacances… », grommela-t-il.

« C'est ça, dit-elle en lui plantant un baiser sur les lèvres après avoir attrappé son sac. Major Carter… Euh O'Neill, j'écoute… Oui, monsieur… Oui. Je le lui dirais.

- Que se passe-t-il ?

- Deux scientifiques qui travaillaient sur un projet de porte des étoiles viennent de se tuer dans un accident de voiture, c'est la thèse de la police du moins. Nous devons aller récupérer tous leurs travaux et matériels, nous assurer qu'aucune fuite n'a eu lieu et mener notre propre enquête sur l'hypothèse qu'il s'agit d'un meurtre…

- Et ils ont besoin de nous pour ça ?!!

- Ordre du Président et le général m'a dit qu'il était vraiment désolé…

- C'est ça… Je veux me faire rembourser… »

Il prit Sam par le bras et l'attira à lui…

« Nos billets nous attendent à l'aéroport…

- Chut ! N'en dis pas plus !… », il étouffa ses paroles en l'embrassant.

« Si j'ai bien calculé, il nous reste encore trois heures avant le départ…

- Chut ! C'est bien ce qu'il me semblait…

- Tu ne pouvais pas savoir, je…

- Je suis devin, je ne t'avais pas prévenue ?… Chut, maintenant !

- OK ! Mmpf !… »

Un seul mais doux murmure lui parvint aux oreilles…

 

Partie 8 :

Le 3 janvier, suivant les ordres du général Hammond, Daniel Jackson et le docteur Fraiser se rendirent au centre d'accueil où la petite Emilie avait été placée.

Il était 10 heures du matin, normalement les visites n'étaient autorisées qu'à partir de 15 heures, mais en approchant de la chambre de la petite fille, dont la porte était ouverte, ils entendirent trois personnes discuter dont une enfant, probablement celle qu'ils venaient voir. Elle venait juste de répondre aux deux autres que tout se passait bien à l'école avec les enfants.

Daniel et Janet hésitèrent à entrer. Ils se consultèrent du regard… après tout ils étaient ici en visite officielle… Daniel se décida à frapper à la porte pour signaler leur présence.

« Hum !! Bonjour, veuillez pardonner cette interruption, mais que faites-vous ici ? »

Harm se leva du lit où il était assis et jeta un regard noir à l'intrus. « Je n'ai pas pour habitude de me laisser interroger par n'importe qui, je pourrais vous retourner la même question !

- Pardonnez mon ami, nous ne nous attendions pas à trouver des personnes ici. Je suis le docteur Janet Fraiser et voici le docteur Daniel Jackson. Nous sommes venus nous assurer qu'Emilie Warren allait bien, nous sommes des amis de ses parents.

- Je suis le Commendeur Harmon Rabb Jr et voici le colonel Sarah Mackenzie, nous sommes tous deux avocats du JAG, basés à Falls Church. Enfin, comme vous l'avez sûrement compris, voici Emilie Warren. »

Pendant cet échange, Emilie et Mac s'étaient tues, échangeant des regards furtifs mais appuyés, Mac s'était rapprochée de la petite fille et avait posé une main sur son épaule pour la rassurer.

« Vous n'êtes pas des amis de mes parents… » Ces paroles prononcées d'une voix claire par Emilie lui attirèrent les regards appuyés et étonnés de Daniel et Janet.

« Je te demande pardon ?… », intervint Janet.

« C'est exact, toutefois, nous savons que vous ne lui voulez pas de mal… », ajouta Mac.

« Cette fois-ci, il va falloir vous expliquer ! Comment pouvez-vous dire une chose pareille ? Nous ne nous connaissons même pas ! », dit Daniel cette fois-ci sur un ton plus gentil.

Mac se tourna vers lui.

« Vous, vous passez beaucoup de temps à lire des livres pour un docteur, à écrire aussi. Les livres ne sont pas écrits dans une langue qui m'est connue, et pourtant j'en connais plusieurs… En tout cas, vous avez au moins dit une chose qui s'avère exacte : nous ne nous connaissons pas…

- Je ne comprends toujours pas…

- Nous pourrions peut-être être plus clair, si vous nous disiez pourquoi vous êtes réellement venus !?… Vous n'êtes pas un docteur au sens médical du terme et il y a de l'eau brillante autour de vous… », affirma-t-elle s'attirant encore plus de regards stupéfaits de Daniel. « Quant à vous docteur Fraiser, je ne sais pas quoi dire, je ne vous ai jamais vue, je réserve encore mon opinion…

- Mac, c'est un vrai docteur… », glissa Emilie dans la conversation.

« Cela t'est encore arrivé, n'est-ce-pas ?

- Oui. Tu peux tout lui dire, si tu veux. Elle sait certainement plus de chose que nous…

- Je suis d'accord avec Emilie, Mac. Mais avant, j'aimerais que vous nous précisiez où vous travaillez… », demanda Harm en s'adressant à Daniel.

Il ne savait plus quoi faire ou dire. D'après les regards que lui lançait Janet, elle non plus ne semblait pas plus avancée dans ses réflexions. Ils auraient pu se rabattre sur le secret défense et emmener la petite fille. Mais ça allait créer plus de problèmes qu'ils n'en avaient jusqu'à présent. Ils avaient conscience de façon très nette que ce Commandeur et son colonel ne se laisseraient pas facilement intimider. Un silence gênant s'installa, que Daniel finit par rompre :

« Nous ferions peut-être bien d'appeler notre chef, n'est-ce-pas Janet ?

- Oui.

- Je reviens dans deux minutes. »

Daniel sortit sans autre explication de la chambre et s'éloigna d'un pas rapide vers les portes de secours pour se mettre à l'abri des oreilles indiscrètes.

« Il s'agit d'un appel prioritaire pour le général Hammond », dit-il d'une voix assurée mais étouffée une fois qu'il eut obtenu un correspondant.

« Patientez un instant…

- Oui… oui… dépêchez-vous…

- Général Hammond.

- Général, ici Daniel Jackson, nous avons un gros problème…

- Quoi ? Ne deviez-vous pas aller voir la petite Warren ?

- Si, justement ! Mais nous n'étions pas les seuls, apparement !

- Que s'est-il passé ?

- Nous sommes tombés sur deux avocats du JAG, un Commandeur Rabb et une Colonel Mackenzie. Ils semblent être au courant pour la porte des étoiles, du diable si je sais comment ! Pour couronner le tout, ils soutiennent m'avoir déjà vu, alors que moi-même je ne les connais pas du tout. Et quand je vous dis que je ne les connais pas, je suis sûr de mon fait : que ce soit dans cette dimension ou dans une autre, j'ai une excellente mémoire des visages… Autant que je puisse en juger, ils n'ont pas tout dit… Ils sont avares d'explications, sur leur présence ici… sans pour autant oublier de poser des questions… beaucoup de questions.

- D'accord, nous avons un problème… »

Le silence dura une bonne minute…

« Général ? Vous êtes toujours là ?

- Oui. Vous avez dit que l'une des personnes était un Commandeur Harmon Rabb Jr, n'est-ce-pas ?

- Oui.

- Ecoutez docteur, amenez tout ce joli monde, ici, au niveau – 2, il est prévu pour ce genre de réception…

- Vous plaisantez ?!!

- Non ! Faut-il que je vous en donne l'ordre ?

- Non, vous l'avez déjà fait. Mais je ne comprends pas… », risqua Daniel en guise d'ultime tentative.

Après une hésitation bien compréhensible, le général ajouta :

« OK. Si je ne me trompe pas, j'ai déjà entendu parler de ce Commandeur. Je suis sûr d'une chose : il n'est pas du genre à lâcher le morceau, même si on le lui ordonne. Il a travaillé l'année dernière pour une commission d'enquête à Washington, présidée par la députée Latham, sur l'affaire de l'attaque au gaz sarin de patriotes américains, pendant la guerre du Golfe. Le pot aux roses avait été découvert par un journaliste, avec une bande enregistrée pour preuve. Vu le contexte politique international, la députée en question avait décidé de se faire les dents sur ce cas en mettant en accusation l'un des militaires présents sur les lieux pendant l'attaque et mis en cause directement par cet enregistrement. Il se serait trompé de charge, et en aurait pris une contenant du gaz sarin. Malheureusement ou heureusement pour elle, elle avait demandé l'expertise d'un jeune capitaine de la Navy, le même Harmon Rabb Jr dont il est question aujourd'hui…
Je vous laisse deviner la suite : il a réussi à prouver en retrouvant la véritable bande enregistrée que le militaire était hors de cause… Les regrêts publics de la députée pour son erreur de jugement ont fait le tour de toutes les unes de tout ce que compte Washington comme journaux politiques ou non… La carrière du journaliste s'est arrêtée net et le capitaine s'en est tiré avec juste quelques entrefilés perdus dans la masse, préférant l'anonymat à la célébrité, ce qui était plutôt difficile, mais s'est révélé à long terme être un coup de génie. Tous ces articles avaient au moins un point en commun : Rabb y était mentionné comme quelqu'un de droit, qui n'avait pas hésité à mettre sa carrière en jeu pour révéler la vérité, allant même jusqu'à quitter la commission et à témoigner pour être sûr d'être entendu.

- Et bien, on ne fait pas mieux comme publicité…

- Comme vous dites… J'ai même entendu la rumeur que le Président était très satisfait de la fin donnée à cette affaire, et malgré le côté boy-scout du commandeur et sa grande capacité à chercher les embêtements, il aurait affirmé préférer mille fois avoir affaire à lui qu'à certains députés qu'il connait. C'est pour cela que vous allez les ramener dans la plus grande discrétion… Une fois que j'aurais demandé l'autorisation du Président, j'appellerais leur CO pour mesurer l'ampleur de la fuite et le convier à se joindre à notre petite réunion… L'enfant doit être amenée aussi, avec toutes ses affaires… Quand nous en saurons un peu plus, nous pourrons décider d'une histoire crédible à lui raconter. Je fais le nécessaire auprès du centre d'accueil…

- Bien. Je vous préviens dès que nous serons arrivés. »

Daniel raccrocha et retourna dans la chambre de la fillette.

« Nous avons l'autorisation, Janet.

- Bien.

- L'autorisation pour quoi ? », demanda Harm.

« L'autorisation de vous emmener vous deux et la petite fille, dans notre base militaire au niveau –2 où de plus amples détails vous seront donnés », ajouta Daniel.

« Ainsi vous êtes militaires maintenant… docteur et militaire, à moins bien sûr que vous ne soyez que des militaires tout court ?!! Pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt ?!… », contra Harm.

« Je peux seulement vous dire que le crédit dont vous jouissez auprès du Président des Etats-Unis vous autorise à en apprendre plus que vous ne devriez sur cette affaire… »

Mac le coupa net d'une voix très – voire même trop – calme :

« Dites plutôt que vous pataugez et que vous aimeriez en savoir plus sur les raisons de notre présence ici, tout cela bien sûr sans en dire trop… En référer au Président ?!… vous n'êtes pas un gradé, ça j'en suis certaine ! Nous ne sommes pas obligés de vous suivre… »

Daniel allait répondre quand le téléphone portable d'Harm se mit à sonner…

« Rabb… Amiral ? …. Quoi ? Vous ne pensez tout de même pas que nous devrions leur faire confiance… Le président vous a appelé personnellement ?!!… Bien, monsieur, nous nous retrouvons sur place.

- C'est le coup de fil le plus rapide jamais passé, dit Daniel. Je crois que votre problème vient d'être résolu…

- Par contre le vôtre, non ! » C'était la petite fille qui venait de parler résumant ainsi la situation bien malgré elle…

« Veuillez nous suivre, nous ne prendrons qu'une seule voiture, la mienne… » Daniel s'adressa ensuite à la petite fille et pour la première fois, il le fit de sa voix habituelle, calmement et gentiment. « Tu te rappelles ce que tu as dit tout à l'heure ? Que tu pouvais nous faire confiance… Je te le confirme, tu n'as rien à craindre de nous…

- Je sais. »

 

Partie 9 :

A peine arrivé à la base de Cheyenne Mountain, l'amiral Chegwidden, Harm, Mac et la petite Emilie, se retrouvèrent au niveau –2 dans une salle de réunion en présence d'un général, d'un colonel à l'air bougon, d'une femme major et d'un grand homme noir qui étrangement, malgré sa tenue militaire, portait un bandana qui lui couvrait entièrement le front. Les deux docteurs saluèrent le général et prirent place auprès des autres.

« Je ne savais pas que le bandana était compris dans le paquetage des militaires de nos jours, releva l'Amiral en regardant curieusement Teal'c. Et maintenant si quelqu'un daignait me donner une explication…

- Veuillez vous asseoir, intervint le général. Merci. Je vais commencer par faire les présentations. Je suis le général Hammond, et en suivant le colonel Jack O'Neill, le major Samantha Carter, Teal'c, le docteur Daniel Jackson et le major Janet Fraiser, médecin-chef de la base, que vous connaissez déjà.

- Ainsi, vous êtes bien docteur… », intervint Harm.

« Commandeur, ce n'est pas vraiment le moment d'ironiser… Je crois que c'est à mon tour : Amiral AJ Chegwidden, juge avocat général basé à Falls Church - Virginie. Voici le Commandeur Harmon Rabb Jr et le Colonel Sarah Mackenzie, avocats.

- Un pilote au nom étrange, un « marines » et un ancien commando, avocats de surcroît… Je sens qu'ils vont me plaire ceux là », dit Jack, malheureusement trop fort pour passer inaperçu.

« C'est valable pour vous aussi colonel ! » Le général souriait légèrement trahissant le ton cinglant de sa voix. « Nous allons jouer cartes sur table sur ce coup-ci et vous dire la vérité. Vous avez rempli le formulaire de confidentialité : je vous rappelle simplement que vous seriez passible de cour martiale et très probablement de prison à vie si vous divulguiez ne serait-ce qu'une parole de ce qui va être dit ici.

Colonel Mackenzie, vous avez raconté au Dr Jackson que vous le voyiez entouré d'eau, et vous avez été jusqu'à préciser une eau brillante. Avant de vous demander comment vous l'avez su et en signe de bonne foi, je tiens à préciser ce que nous faisons ici : nous travaillons sur les voyages tridimentionnels à travers ce que nous appelons la porte des étoiles, un anneau dans lequel nous entrons et qui débouche sur d'autres mondes à des années lumières du nôtre. L'eau brillante dont vous parliez s'appelle un vortex. Les quatres personnes présentes ici forment ce que nous appelons l'équipe SG1, ils sont chargés d'explorer ces mondes. Comme vous semblez l'avoir déjà compris, le docteur Jacson n'est pas un docteur en médecine, mais en anthropologie. »

Harm n'y tint plus, résumant la stupéfaction générale « Quoi ? Vous espérez nous faire croire ça ?!… »

Mac, après s'être remise du choc, posa sa main sur l'avant-bras d'Harm. « Cela explique ce que nous avons vu Emilie et moi… C'est à la fois logique et illogique. Après tout, pourquoi serions-nous les seuls êtres vivants dans l'univers ?

- En fait, techniquement il s'agit de galaxies différentes…

- Carter !…

- Oui, Colonel, je sais ! Pas d'explications trop longues…

- Vous feriez merveille auprès de Bud, s'il entendait ça… », lança Harm, c'est un de nos avocats.

- Cela fait toujours cet effet la première fois. Vous voyez (Jack s'adressa à Sam), je ne suis pas le seul à ne rien comprendre… Colonel, si maintenant vous nous disiez comment vous avez entendu parler de notre petit secret…

- J'ai la faculté d'avoir des visions dans certaines situations.

- Et vous espérez nous faire croire…

- Hey ! Attention à ce que vous dites ! », interrompit Harm. « Je ne vous permets pas de mettre en doute la parole du colonel. Il se trouve que son don m'a sauvé la vie ainsi que celle d'une autre personne… En plus, votre histoire de porte des étoiles est certainement plus incroyable que tout ce que nous pourrions vous raconter. Vous êtes assez mal placé pour ne pas nous croire…

- Bon, ça va ! Ne vous fâchez pas… »

Jack avait haussé un sourcil en guise d'excuse : il avait cette capacité de provoquer des réactions chez les autres pour distinguer le vrai du faux. Sa « victime » s'apercevait rapidement que passer pour un rustre au premier abord ne signifiait pas l'être forcément, mais c'était toujours trop tard.

AJ Chegwidden resta quant à lui d'un calme olympien :

« Bien que je sois très carthésien par nature, j'ai moi-même été le témoin du phénomène. Je ne l'explique pas. Je ne dirais pas que ça m'enchante, mais le fait est là : le colonel semble voir des choses que d'autres ne seraient pas capable d'imaginer. Et dans ce cas précis, l'inimaginable s'est produit : le colonel et une petite fille, du nom d'Emilie Warren, ont eu les mêmes visions à plus de mille kilomètres de distance, et à peu près au même moment… »

Carter se permit un commentaire « Mon général, c'est crédible… Même si c'est une première d'avoir affaire à un terrien doté de pouvoirs paranormaux confirmés par les faits ! (Elle insista sur le mot terrien pour que ses amis comprennent que Mac n'était pas parasité par une quelconque entité.) Depuis que nous travaillons sur la porte des étoiles, nous avons rencontré des individus ayant des pouvoirs similaires, certains par le biais d'un appareil, d'autres naturellement, si je puis dire, mais aucun d'eux n'était d'origine terrienne.

- Est-il besoin de vous rappeler que tous sans exception étaient issus d'anciennes civilisations terrestres ? Ne peut-on pas imaginer que certains d'entre nous aient su acquérir ou préserver des connaissances ancestrales ? », ajouta Daniel. Il se tourna vers Mac. « Pardonnez-moi mais votre couleur de peau indique clairement des origines multiples…

- Vous avez raison : ma mère est d'origine iranienne, mon père d'Europe, pour autant que je le sache.

- Votre mère possédait-elle ce don ?

- A ma connaissance, non.

- Vous voyez ! Il est très possible que votre don ait été occulté sur une ou plusieurs générations pour réapparaître au moment où vous en aviez le plus besoin !

- Je ne peux pas en croire mes oreilles », intervint AJ. « Je ne pensais pas trouver ce genre d'explications ici…

- Amiral, vous avez dit avoir été témoin du phénomène, puis-je vous demander dans quelles circonstances ? », reprit Daniel.

« Je crois que le Commandeur Rabb vous répondra mieux que moi sur ce sujet. Commandeur, je vous prie de ne rien omettre de ce que vous m'avez raconté après votre retour au JAG. Même si vous l'avez fait en confidence, cela pourrait éclairer tout le monde sur les circonstances de l'événement en question.

- Monsieur, je…

- Je sais ! Vous ne voulez pas en parler, mais il va bien falloir…

- Je serais curieuse d'entendre ça », ajouta Mac, « surtout qu'aux dernières nouvelles c'est moi qui aie eu les visions… »

On aurait pu entendre voler une mouche… Il était visible qu'Harm répugnait à parler. Sa voix était telle un murmure rauque, laissant apparaître une blessure profonde et non cicatrisée.

« Il y a quelques semaines, j'ai dû faire mes quotas de vol. Tout s'est bien passé jusqu'au moment de repartir... Je voulais à tout prix assister au mariage de Mac. J'ai donc fait le forcing auprès du capitaine pour avoir un avion... Une tempête s'était déclenchée provoquant des creux de six mètres de hauts, les éclairs, l'enfer quoi… J'ai crashé mon tomcat dans l'océan. Mon co-pilote et moi-même avons été séparés de plusieurs milles.
Elle réussit à se maintenir sur le canot de sauvetage et, grâce à la balise de secours, fut retrouvée assez vite… Pour ma part, j'ai été obligé de me séparer du lien qui me reliait au canot. Pris dans mes jambes, il m'entraînait au fond, au risque de me noyer. Je suis resté plus de trois heures dans une eau glaciale, en pleine nuit. Cela a provoqué une amnésie temporaire de tout ce que j'avais vécu depuis moins d'un an… sans parler des dommages physiques. »

Ceci dit, il avait l'attention de toutes les personnes présentes.

« Je vois ce que voulait dire le général par « boyscout » en parlant de vous… Moi, j'aurais plutôt dit « tête brûlée », mais bon je ne ferais pas le difficile… »

La remarque du colonel O'Neill avait réussi à faire baisser la tension ambiante et sourire tout le monde, y compris Harm. Le répit fut de courte durée…

« Capitaine, vous oubliez la partie essentielle. Vous savez que cela ne figurera en aucune manière dans votre dossier… et je réclame d'ailleurs de votre part, y compris vous général, le droit à la même confidentialité exigée par vous…

- Accordé. »

Tout le monde confirme, puis Harm, oublieux de tous, recommence à parler…

« Pendant que j'étais dans l'eau, juste avant qu'on ne me repêche, j'ai eu la sensation très nette que vous étiez à mes côtés, Mac. J'étais dans un tel état d'hypothermie, que dans les premiers temps après mon retour, j'attribuais volontiers ce phénomène à ma grande faiblesse psychologique et physique. Mais environ une semaine plus tard, les cauchemars ont commencé…

- A cause de mon départ dans le Golfe… l'annulation de mon mariage... », dit Mac dans un souffle, réalisant brusquement où il voulait en venir.

« Et ?!! », demanda Jack du ton qu'il emploie habituellement quand il juge les explications trop longues à venir.

« Et j'ai fini par comprendre d'où venaient mes cauchemars… »

Harm luttait contre son peu d'envie de parler, une fois que les mots seraient prononcés, sa vie deviendrait un enfer… Oh ! Il était certain que l'amiral n'en reparlerait plus jamais, sauf s'il le faisait le premier. Par contre Mac, c'était une autre histoire…

Comprenant le débat qui se jouait en lui, Mac posa à nouveau la main sur son avant-bras et finit par articuler doucement :

« Vous n'allez rien dire que nous ne sachions déjà tous les deux, alors…

- J'ai réalisé que la seule chose à laquelle je tenais vraiment, c'était vous. Bien plus tard, dans mes rêves, je me suis souvenu avoir distinctement prononcé votre nom… Vous m'avez permis de survivre à cet enfer. J'étais dans l'eau, je suffoquais, j'avais entendu l'hélicoptère de secours approcher et lancé un ultime appel avant de m'évanouir… Je n'ai vu qu'une seule chose à ce moment-là : vous…

- OK, amiral, votre insistance pour en parler s'explique …

- Oui, ce n'était pas la première vision du colonel, mais le facteur déclencheur était presque le même…

- Une forte émotion alliée à un sens aigu de l'urgence peuvent provoquer ce genre de réactions », ajouta le docteur Fraiser.

« Si j'ai bien suivi votre raisonnement, pour que j'ai une vision, il faut que le sentiment soit réciproque… », murmura Mac d'une voix blanche.

Elle avait su tout de suite de quoi il retournait, mais n'avait pas pensé que cela serait si dur à encaisser puis à avouer…

« Mac, je suis désolé… »

Elle resta une longue minute sans rien dire, puis reprit peu à peu son calme :

« Vous n'avez pas à l'être. Vu les circonstances, j'imagine que toute raison était bonne à prendre pour garder le cap et vous en sortir.

- Si cela peut vous consoler, j'ai eu à peu près le même problème avec le major ici présent…

- Merci pour le problème ! Colonel ! »

Harm, bien malgré lui, retrouva ses qualités d'avocat, la curiosité l'emportant sur tout autre considération. « Comment l'avez-vous résolu ?

- Je l'ai épousée !

- Oh !… Je vois. Les règles de non fraternisation, vous en faites quoi ?

- Dérogation présidentielle spéciale…

- Vous plaisantez ?!… »

Le général Hammond les interrompit :

« Non, il ne plaisante pas, malheureusement…

- Emilie le savait ! », coupa Mac.

Cette fois-ci, ce fut le tour de Sam et Jack d'être étonnés.

« Quoi ? Vous dites que…

- Vous vous êtes mariés la nuit du Nouvel An, n'est-ce-pas ? »

Jack avait l'air plus amusé qu'autre chose. « Elle est bien bonne celle-là ! Il va falloir se méfier de cette enfant à l'avenir ! »

Le général Hammond intervint. « Bon, si nous revenions au sujet qui nous préoccupe : si j'ai bien compris votre histoire Commandeur, le Colonel Mackenzie a le don de voir certaines choses assez précisément pour lui permettre d'en situer les lieux et circonstances exactes. Est-ce que je me trompe jusque-là ?

- Non. Vous ne vous trompez pas. Deux heures après qu'Harm ait été porté disparu, Chloé est venue me voir pour me suggérer d'essayer de voir…

- Qui est Chloé ? », demanda Jack.

« Une jeune fille de huit ans. Mais j'y viendrais un peu plus tard. Avec son aide, j'ai vu clairement le canot de sauvetage abandonné au milieu d'une mer déchaînée. J'ai pu donner une longitude et une latitude à l'équipe de recherche qui, malgré ses réticences, a bien voulu suivre mes indications. Pour ce qui concerne l'autre vision, vous ne vous êtes pas trompés : j'étais aussi émotionnellement concernée… Il s'agissait justement de Chloé : je suis volontaire auprès d'un centre d'aide aux enfants en difficultés. Ils pratiquent une sorte de tutorat assez avancé, qui consiste à suppléer dans une certaine mesure les manques familiaux, sans toutefois se substituer aux parents légitimes…
Bref, sa mère est morte, sa tante ne voulait plus s'occuper d'elle. J'ai réussi à retrouver par hasard son père biologique. Il était plus qu'heureux d'avoir une nouvelle famille en la personne de Chloé et elle aussi. La ferme de ses tous nouveaux grand-parents à Atlanta, la combla. Je vous dis tout ça pour que vous compreniez l'évidence : après avoir passé plusieurs mois à m'occuper d'elle, des liens très fort se sont tissés entre nous. »

N'osant pas regarder Harm, elle sentit sa main rassurante se poser sur son bras.

« J'étais déchirée par son départ. Harm venait aussi de m'annoncer qu'il allait reprendre d'ici quelques semaines le service actif, en tant que pilote de la Navy. Tout s'ajoutait pour faire de ma vie un véritable casse-tête chinois, jusqu'au jour où Chloé a disparu…
Le choc fut violent, comparable à ce que ressentirait une mère pour sa fille, du moins je le suppose, n'ayant jamais eu d'enfants moi-même… J'étais au beau milieu d'un procés important, stressée par la proximité du verdict, sans compter le reste... Toujours est-il que je réussis à prendre le prochain vol pour Atlanta le week-end précédent le verdict. J'étais exténuée. Je me suis endormie aussitôt installée dans l'avion.
Juste avant l'arrivée, j'ai eu la vision d'un arbre coupé par le tonnerre, un chemin transparaissant dans les bois, Chloé appelant au secours… En sortant de l'aéroport, j'étais encore sous le choc. Sa grand-mère est venue me chercher en voiture, et à ma grande surprise, nous avons subi une pluie torrentielle, un coup de tonnerre avait fait tomber une grosse branche d'arbre en plein devant la voiture… J'ai reconnu tous les signes et mue par l'instinct, j'ai su de manière certaine où la trouver. Voilà. Fin de l'histoire.

- Vous ne devez pas vous ennuyer, Harm, si vous me permettez de vous appeler comme ça. »

Harm approuva. « Comme vous dites…

- Normalement Jack, c'est vous qui dites ça ! Quelle histoire !

- C'est ça Daniel, rajoutez-en une couche ! » Jack éclate de rire avant même d'avoir fini sa phrase.

« Pour les parents d'Emilie, que pouvez-vous nous dire ? », demanda Mac.

« Là c'est moi qui peut apporter les explications, si vous me le permettez, colonel ?

- Faites, faites, major !

- Ses parents travaillaient dans un laboratoire top secret du Colorado, sur un nouveau projet de porte des étoiles. Je vous épargne les détails techniques…

- Merci major O'Neill.

- De rien, colonel O'Neill…

- Visiblement, vous ne vous ennuyez pas non plus, colonel… Jack.

- N'est-ce-pas ! Faites comme Harm, prenez-en de la graine ! », ajouta-t-il à la cantonnade.

« Jack ! »

Jack avait le regard innocent des grands jours.

« Général ?!…

- Je disais que les parents d'Emilie devaient développer une nouvelle génération de porte des étoiles… Grosso modo, le but était de la rendre portative et de l'utiliser en parallèle à celle de la base.

- Excusez-moi de vous interrompre, mais vous en parlez comme d'un ordinateur qui deviendrait obsolète au bout de six mois.

- La comparaison se tient, Amiral. Même si nos apports technologiques à la porte sont loin d'être aussi rapides, vous avez compris : l'enjeu stratégique est majeur… »

Harm affirmait plutôt qu'il ne suggéra ce que tout le monde pensait :

« Majeur au point de tuer pour avoir ces technologies…

- En effet, les journaux ont raconté ce qui n'était qu'apparences, c'est-à-dire qu'il s'agissait d'un accident de voiture… Le meurtre des Warren a été maquillé, nous n'avons pas démenti. Reste les visions de leur fille : même si le choc de la mort de ses parents peut les expliquer, pour ce que nous en savons, la famille n'a pas d'antécédents laissant supposer un quelconque don…

- A ce sujet, nous ne vous avons pas tout dit… »

Mac lança un regard appuyé à son CO, puis à Harm, chacun lui répondant silencieusement pour lui signaler qu'elle pouvait continuer.

« Je vous ai vu tous les quatre dans mes visions, finit-elle par annonçer à l'équipe SG1. Emilie n'a vu que Jack et vous, Teal'c. Au fait, de quelle origine êtes-vous ?

- Ah ! Teal'c ! Je crois que la dame doit être redoutable dans un tribunal ! Le bandana n'est plus nécessaire…

- En effet, O'Neill !… (Parlant pour la première fois, Teal'c enleva son bandeau tout en fixant Mac.) Je viens d'une planète appelée Chulak, je suis un ancien Jaffa Goa'uld.

- La marque sur le front… merci pour la confirmation, Teal'c. »

Si Mac était étonnée, elle ne laissait rien paraître.

« A votre service, colonel. »

Voyant les regards de l'amiral et d'Harm, le colonel O'Neill parla d'une voix douce mais nette :

« C'est une chose de penser qu'il existe d'autres mondes, mais c'en est une autre de voir l'un de ses habitants…

- Vous m'enlevez les mots de la bouche… S'il s'agit d'un truquage de cinéma, vous avez poussé le bouchon un peu loin.

- Harm, il ne s'agit pas d'un truquage, dit Sam. Je vais essayer de vous l'expliquer le plus simplement possible…

- Vous pouvez y aller franchement, vous savez… Je ne suis pas idiot… »

Sam sourit légèrement, mais n'osa pas regarder Jack…

« Cette marque est le signe d'appartenance imposé par Apophis, un faux dieu, à tous les Jaffas sous son commandement. Il apparaît définitivement quand le goa'uld à l'intérieur du ventre du Jaffa, une sorte de larve, a atteint l'âge adulte et accompli tous les rites de passage en promettant allégeance à son dieu. Maintenant Teal'c, montrez-leur votre ventre… »

Teal'c obtempéra et sous le choc, les non-initiés eurent un mouvement de recul… On entendit même Harm, pourtant peu impressionnable, dire doucement :

« Bon dieu ! Moi qui croyait avoir tout vu... »

L'amiral Chegwidden se remit plus vite, son entraînement de commando et ses facultés de raisonnement reprennant le dessus :

« Ne le prenez pas mal Teal'c, mais qu'est-ce qui a cloché avec vous ? On ne change pas de camp comme ça… du moins dans mon monde. »

Heureusement, Teal'c était du genre imperturbable :

« Dans le mien non plus, monsieur. La larve goa'uld implantée en moi avait auparavant un autre hôte. Des souvenirs de son ancienne vie me revenaient en mémoire. Notament la mort de mon père dont il avait été l'instrument. Contre toute attente, son emprise sur moi s'affaiblit. Je parvins à décider quoi faire de ma vie : quand l'équipe SG1 fut capturée par Apophis, je saisis l'opportunité de combattre mes anciens maîtres et vins vivre sur la Terre. »

L'impassibilité n'était pas la qualité première de Jack :

« Est-il besoin de préciser qu'il nous a sauvé la vie un nombre incalculable de fois, depuis ?

- A peu près autant de fois que vous, O'Neill.

- Pour en revenir à Emilie, que devons-nous faire ? », avança Mac. « Elle est loin d'être bête, vous savez ?! »

Harm appuya sa remarque :

« Perdre un parent si jeune, c'est déjà difficile, alors les deux… Elle n'arrivera pas à être en paix avec ses souvenirs tant qu'elle sera dans ce centre d'accueil, c'est la priorité numéro un.

- Avec ta permission Sam (Jack semblait ne regarder qu'elle) et la vôtre, général Hammond, je crois savoir comment y remédier.

- Dites toujours…

- Nous pourrions peut-être l'adopter, qu'en dis-tu ?

- Ce serait merveilleux, mais… ça ne sera pas trop difficile pour toi ?

- Comme l'a dit le commandeur… Harm, le pire est de ne pas être en paix avec ses souvenirs… »

Jack était tendu, c'était palpable. Seul Harm osa poser la question :

« Je ne suis pas sûr de… »

Le regard de Jack était d'une telle tristesse, qu'Harm n'eut pas besoin de finir sa phrase pour comprendre.

« J'ai perdu mon fils. Il avait 5 ans et s'est tué avec mon arme de service... Alors, je ne serais peut-être jamais en paix avec mes souvenirs, mais je peux au moins essayer… en attendant que nous ayons des enfants à nous… », ajouta-t-il en fixant Sam.

Sam vit l'espoir dans ces derniers mots… Sauf en de rares occasions, Jack avait toujours caché ses sentiments sur ce sujet. A ce moment, elle ne ressentait que gratitude envers Jack, qui lui laissait une porte ouverte là où d'habitude personne n'avait accès.

« Sam ? », Jack interrompit ses pensées.

« Si Emilie est d'accord, rien ne me rendrait plus heureuse, mon chéri. »

Jack ne s'était pas trompé : une petite bulle avait explosée en lui quand il avait eu cette idée, et maintenant, devant la réaction chaleureuse de Sam, il savait que rien ne serait plus jamais pareil…

« Oui, ce sera le cadeau de nouvel an que je n'attendais plus… Ce sera parfait.

- Eh bien, si le centre d'accueil est d'accord, vous pourrez monter un dossier en ce sens. Vous avez ma bénédiction… »

Sam parla pour eux deux, Jack avait visiblement la gorge nouée.

« Merci général.

- De plus, nous pourrons assurer plus facilement sa sécurité, si elle vient ici… en dehors des heures d'écoles bien entendu… De toute façon, elle est déjà au courant pour la porte des étoiles ! », se hâta d'ajouter Jack avant qu'Hammond ne le contredise.

« Ce sera temporaire, colonel ?

- Oui, promis. Tant que nous n'aurons pas retrouvé les meurtriers de ses parents… »

Harm fit une suggestion à son tour.

« Peut-être pourrions-nous vous aider ? Nous avons l'habitude de mener ce genre d'enquête… Qu'en dites-vous, Amiral ? »

L'amiral se tourna vers le général. « Général Hammond ?

- D'accord. Quelles pistes avons-nous ?

- En tout premier Emilie, je crois…

- Vous avez raison Mac, mais pourquoi faites-vous cette tête ?

- Jack, en tant qu'avocate, même si je répugne à utiliser les enfants lors d'un procès, je sais bien que, parfois, on ne peut pas faire mieux. Mais à titre personnel… et si vous ajoutez à ça le fait que je me suis attachée à cette petite…

- Je comprends… Malheureusement, à l'heure actuelle, malgré ou à cause de son don, elle en sait peut-être déjà plus que nous. Vu sa présence sur les lieux… Nous ne pouvons pas faire comme si de rien n'était. Emilie devra tôt ou tard faire face à la situation et il vaudrait mieux que cela soit en notre présence…

- Mac…

- Je sais Harm : il a raison. »

Le général Hammond décrocha son téléphone et demanda à un des gardes d'amener l'enfant.

Elle allât directement s'asseoir à côté de Mac, légèrement intimidée.

« Ne t'inquiètes pas, tout ira bien. Je te présente le général Hammond au bout de la table, puis le colonel Jack O'Neill, le major Samantha (Sam) Carter et enfin Teal'c. »

La petite ne fut pas plus surprise que ça en voyant Teal'c :

« Vous venez de loin… (Puis, se tournant vers Sam) Vous avez décidé de m'adopter… »

Personne n'osa sourire, Sam prît une profonde inspiration, mais c'est Jack qui répondît :

« En fait, la décision t'appartient. Si par hasard tu voulais bien nous donner la chance de te connaître… je serais certainement le plus heureux… des pères.

- Je vous connais déjà.

- Oui, tu as un petit avantage sur nous… », dit Sam doucement.

« Vous êtes mariés, n'est-ce-pas ?

- Tu avais vu juste à ce sujet, y compris pour le jour », lui confirma Mac.

« Le nouvel an… J'ai ressenti combien il vous aimait, Madame. Vous savez, c'est très fort ce qu'il ressent… Il n'y croyait plus… Je ne comprenais pas : heureux et triste à la fois… »

Jack se lève, sort de son portefeuille une photo et fait le tour de la table pour aller s'asseoir à côté d'elle :

« Je te présente Charlie. C'était, non, c'est mon fils.

- Que lui est-il arrivé ?

- Je crois que tu as déjà compris…

- Il est allé voir les anges ?

- Oui.

- Il m'a dit que je pouvais devenir sa petite sœur…

- Oui. Il aurait dit quelque chose comme ça. Merci. »

Jack avait pris Emilie dans ses bras, le regard troublé, emmêlé de tristesse et de gratitude.

Sam avait les larmes aux yeux… Emilie glissa à l'oreille de Jack :

« Vous avez des choses à me demander…

- Oui. Mais avant je veux que tu comprennes bien qu'ici personne ne te fera de mal…

- Je sais. Allez-y…

- Bon, la première chose : as-tu entendu tes parents parler de ce qu'ils faisaient ?…

- Comme travail ? »

O'Neill restait sérieux, cela risquait de devenir difficile pour Emilie.

« Oui, mais pas seulement, en fait n'importe quel sujet… Tu sais, s'ils te savaient au lit, ils auraient pu discuter de choses et d'autres, et toi sans le faire exprès, tu les aurais entendu… »

La petite réfléchit intensément :

« Ce ne serait pas bien…

- De quoi ?

- De vous répéter ce que j'ai entendu. »

Harm intervint doucement :

« Pas si ce que tu vas nous dire, nous permet d'expliquer ce qui est arrivé à tes parents. Quand j'ai perdu mon père, j'avais à peu près ton âge. J'aurais donné n'importe quoi pour savoir ce qu'il s'était passé. Il était porté disparu : ni vivant, ni avec les anges… Nous ne savions pas, j'ai mis presque vingt ans pour le découvrir. C'est très long, tu sais. »

Emilie avait la tête baissée.

« C'était quelques jours avant que les anges ne viennent… Mes parents se disputaient. D'habitude, ils ne parlaient jamais aussi fort, c'étaient les plus gentils papa et maman du monde. Je n'ai pas compris ce qu'ils se disaient : « ils devraient tôt ou tard en parler », je n'ai d'abord pas su de quoi, ni avec qui, mais maman a ajouté que la vie qu'ils menaient ne me conviendrait bientôt plus… pas avec mes connaissances qui allaient se développer…

- Quoi ?!!

- Les gens croient que je suis trop petite pour comprendre. Ils ont tort.

- Je vois. Qu'ont-ils dit ensuite ?

- Eh bien, lors d'un voyage, quelqu'un leur aurait prédit ma venue en précisant que j'aurais de grands pouvoirs. Ma mère m'attendait depuis très longtemps et quand la personne lui a dit pour moi, elle était trop heureuse pour penser aux conséquences…

- Je n'ose pas te demander lesquelles… », intervint Jack.

Emilie continua de parler comme si personne ne l'avait interrompue :

« …Cette personne leur a aussi révélé qu'on essaierait de m'enlever…

- Ce qui n'a pas pu arriver…

- Non, mes parents avaient tout organisé pour ça : ma tatie avait l'ordre de m'emmener dès lors qu'une sorte de signal serait rompu…

- Ce qui s'est produit, et que nous ferons en sorte de continuer… »

Jack avait parlé sur un ton qui ne laissait place à aucun doute. Emilie mît sa main dans la sienne, leur échange de regard en disant plus long que tous les discours du monde. Emilie avait vu cet homme qu'elle ne connaissait pas décider qu'elle était plus importante que tout à ses yeux. Malgré tout ce qui lui était arrivé ou à cause de ça, elle savait que Jack s'occuperait bien d'elle…

« Il y a tout de même une question en suspens… »

Harm avait une voix étrange, voulant signifier aux autres que la petite fille devrait sortir de la salle. Emilie, les mains jointes et la tête baissée, parla tout doucement :

« Ce ne sont pas mais vrais parents, n'est-ce-pas ? »

Jack reprit ses mains dans les siennes, elles étaient si fragiles…

« Nous n'en sommes pas sûrs encore, mais tes parents semblaient vouloir te parler de quelque chose d'important, alors…

- Peut-être que c'était ça ?

- Peut-être, oui. Ecoutes, tu ferais mieux d'aller dormir maintenant, je vais t'accompagner dans mes quartiers… avec votre permission, général ?

- Accordée.

- Au revoir Sarah, Harm.

- Au revoir ma chérie, ne t'inquiètes pas, nous nous reverrons très vite. »

Après avoir embrassé ses deux amis, Emilie prît la main que lui tendait Jack et s'en allât avec lui.

 

Partie 10 :

Quartiers de Jack O'Neill, base de Cheyenne Mountain : (3/03/2003 soir)

« Emilie, je sais que tout ça doit te sembler difficile et un peu rapide mais… bon dieu, je ne suis pas très doué pour ce genre de choses… Tu sais que je ferais de mon mieux pour que tout se passe bien pour toi ici. Je crois que tu l'as déjà compris, n'est-ce pas ? »

Emilie et Jack s'étaient assis sur le bord du lit, ce qui permit à la petite fille de lui faire une bise sur la joue.

« Oui, je sais…

- Bon, tu vas prendre mon lit, je reviendrai tout à l'heure voir si tout va bien.

- Vous allez dormir où, si je prends votre lit…

- Ne t'inquiètes pas pour ça, je dormirais dans le fauteuil à côté.

- Tes affaires sont rangées … Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu fais le 1 sur le téléphone et tu me demandes, il y a quelqu'un qui me transmettra l'appel où que je sois. Est-ce que ça ira ? Tu as bien tout compris ?

- Oui, ça ira. Ne vous inquiétez pas. Bonne nuit.

- Bonne nuit, ma chérie. »

 

La suite prochainement…